Sample of Programs in Iraq :

Mesopotamia - Kurdistan - Najaf and Karbala


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Babel Tours, Iraq Tours : mesopotamia


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     Pierre Simon, responsable de la communication de Terre Entière / Babel Tours, s'entretient avec Hubert Debbasch, PDG de l'entreprise, au sujet du lancement prochain de voyages dans le sud de l'Irak et de la création par celle-ci d'une nouvelle filiale dans le sud de l'Irak, extension de Babel Tours (date de l'entretien : 18 mars 2010).

Pierre Simon : Hubert Debbasch, pourquoi vous lancer dans l'organisation de voyages dans le sud de l'Irak après en avoir organisé en 2008 et 2009 dans le nord du pays ?

Hubert Debbasch : Vous avez raison de lier l'un à l'autre. Dès le départ, lorsque nous avons pris l'initiative d'organiser des voyages dans le Kurdistan irakien, nous avions annoncé qu'il s'agissait d'une porte d'entrée avant d'étendre notre activité au reste du pays. Le Kurdistan a été la première région pacifiée d'Irak. Nous continuerons bien sûr d'y organiser des voyages d'une part en raison du fort intérêt culturel de la province avec ses sites antiques, notamment assyriens, et d'autre part en raison de la présence de la communauté chrétienne avec laquelle les relations se déploient. Mais personne n'est dupe du fait que les principales richesses archéologiques de l'Irak se situent au sud. Nous sommes maintenant enracinés au nord et nous avions dès le début à l'esprit de créer une implantation dans le sud, comme nous l'avions d'ailleurs déclaré l'an dernier. La fréquentation du terrain nous permet desormais de connaître les régions qui peuvent ou non être l'objet d'un circuit touristique. A ce jour, ni Bagdad, ni Mossoul, très riches du point de vue historique et archéologique, ne peuvent être l'objet de visites touristiques. En revanche, après deux années de présence sur le terrain, nous avons désormais la certitude de pouvoir conduire des voyageurs en toute sérénité dans ce paradis de l'Orient qu'est le sud du pays.


Pierre Simon : Vous parlez des richesses archéologiques du sud de l'Irak, mais que proposez-vous aux voyageurs de voir concrètement  ? Cette région est-elle si particulière ?

Hubert Debbasch : Le mot "Paradis" que je viens d'employer est intentionnel. La tradition biblique situe le Paradis entre quatre fleuves et les deux seuls dont on reconnaît le nom et la situation géographique sont le Tigre et l'Euphrate. Il suffit d'avoir un peu de culture pour savoir que c'est entre ces fleuves, en Mésopotamie, que se trouvent les sources vives de notre civilisation. Pour vous en convaincre, allez simplement déambuler dans les salles du Louvre ou du British Museum pour voir toutes les richesses qui proviennent de cette zone et auprès desquelles nous aimons retrouver nos racines les plus profondes. Toute âme éprise du sens de l'histoire va vibrer avec ces lieux qui portent une mémoire immense de l'humanité. Rien d'imposant ni d'écrasant comme dans la civilisation voisine, l'Egypte. Les dynasties qui se sont succédé sur ce sol ont dû composer avec la matière fragile de Mésopotamie et avec l'absence de roche qui les a conduites à inventer un art tout en finesse, délicatesse et beauté.


Pierre Simon : Et quel est justement l'état de conservation des sites dont la visite est prévue dans le programme du voyage ?

Hubert Debbasch : Il est difficile de donner une réponse globale à cette question. Je définirais trois types de sites. Il y a d'abord ceux dont des monuments majeurs sont dans un bon état de conservation. Je reste très impressionné par les vestiges d'Ur et d'Uruk. Ensuite, je distingue les sites qui ont été très largement reconstruits, avec plus ou moins de succès. C'est le cas de Babylone que le précédent régime au pouvoir avait voulu restaurer pour manifester le prestige de son règne. Sur ce point, les puristes en archéologie préféreraient plutôt ne rien voir et avoir l'esprit libre. Mais on ne peut nier au site de Babylone dans son état actuel une réelle valeur. Sa visite constituera l'un des grands moments de notre voyage. Il reste d'ailleurs des pièces intactes : je pense notamment au fameux lion de Babylone : chaque jour des écoliers viennent se faire photographier devant l'animal admirablement sculpté dans un bloc de basalte. Il représente la déesse Ishtar ; pour ces jeunes, il représente à juste titre la noblesse de leur histoire. Enfin, je vois une autre catégorie de sites qui rassemble des lieux tout aussi éloquents et majestueux bien que presque rien de tangible ne sorte de la terre. La terre porte encore en elle-même la plus grande partie des richesses. Je n'oublierai jamais la première visite de Lagash, un site pourtant déjà fouillé par bien des chercheurs, où dès mes premiers pas sous un soleil ardent j'ai marché malencontreusement sur une tablette à l'écriture cunéiforme. Je pense qu'il existe peu de lieux dans le monde où vous vous trouvez projeté à des millénaires en arrière et où vous êtes en même temps mis en présence de ce qui vous constitue aujourd'hui comme être humain et civilisé. Très honnêtement, la nudité et la virginité de ces sites me permet de penser que la Mésopotamie ne sera jamais atteinte par les ravages du tourisme de masse. S'il n'est pas nécessaire d'être cultivé, il faut au moins être curieux de nos origines.


Pierre Simon : Pour rejoindre le sud de l'Irak et les sites que vous me décrivez, les voyageurs atterriront sans doute à Bagdad ?

Hubert Debbasch : Non pas du tout. Pour l'acheminement de nos groupes, nous avons fait un choix qui sera durable et que nous avons éprouvé. Tous nos voyageurs venant de France passeront par le Koweït pour se rendre en Mésopotamie. Ce choix peut surprendre quand on sait que nous avons des bureaux dans le nord du pays et que de plus en plus de compagnies aériennes promettent de desservir Bagdad. Notre choix peut paraître d'autant plus paradoxal si l'on sait le caractère tragique de l'histoire récente entre l'Irak et le Koweït ; et pourtant c'est ce qui va nous permettre d'acheminer les voyageurs avec le plus de confort et de sécurité. Confort car ce sont des vols directs et que les infrastructures hôtelières sont irréprochables. Sécurité car chacun sait que la ville de Bagdad, à ce jour, n'offre pas de garanties de sécurité nécessaires pour y transporter des voyageurs. Paradoxalement, nous sommes beaucoup plus prudents que ceux qui voudraient nous donner des leçons.


Pierre Simon : Dans un pays comme l'Irak qui sort à peine d'une période de conflit, avec tous les dommages inhérents à ce genre de situation, quelle est la qualité des infrastructures d'accueil des voyageurs ? Qu'en est-il par exemple de l'hôtellerie ou encore du réseau routier ?

Hubert Debbasch : Si vous me posez la question, il est temps de parler de Nasiriyah, la ville dans laquelle nous avons ouvert nos bureaux et dans laquelle nos groupes logeront pendant toute la durée de leur séjour en Mésopotamie. Nous avons fait le choix de travailler dans cette ville avec un hôtel qui donne toutes les garanties de confort et de sécurité et qui correspond à un bon 4 étoiles français. Quant aux routes, elles sont en très bon état, aussi bien au Koweït qu'en Irak. Ce n'est qu'à l'approche de quelques sites qu'elles se dégradent voire qu'elles disparaissent. Tous nos circuits dans la région nécessitent pour les voyageurs d'être en bonne condition physique aussi bien pour supporter les rigueurs du climat que pour arpenter pendant des heures des sites bien sûr dépourvus de toute structure d'accueil et de confort. Mais la baignade dans les eaux du Golfe, en fin de séjour, peut constituer un agréable rafaîchissement après les marches dans le désert mésopotamien !


Pierre Simon : Pour les voyages dans le nord de l'Irak, vous organisez à chaque fois des rencontres plus ou moins formelles avec la population locale, des moments d'ailleurs très appréciés des voyageurs. En sera-t-il de même pour les circuits dans le sud du pays ?

Hubert Debbasch : Oui ce sera le cas. C'est de toute manière une exigence constitutive de Terre Entière que de proposer la rencontre non seulement avec des civilisations anciennes mais aussi avec les populations locales, et ce toujours dans des dispositions de profond respect. La différence avec nos circuits dans le nord réside dans le fait que les rencontres se dérouleront beaucoup plus in situ. Il ne sera pas nécessaire d'organiser des réunions avec des habitants en les invitant à l'hôtel. La plupart du temps, ce sont eux-mêmes qui nous accueilleront dans leurs sites et nous ouvriront les portes de leurs maisons. Je pense notamment à la journée autour de la ville de Shatra ; il a été difficile de choisir le lieu de rencontre parce que chaque famille proposait ses services pour nous accueillir et nous offrir le déjeuner. On a parlé de dégradation des sites dans ces dernières années, mais je peux vous dire qu'elles ne sont pas flagrantes là où nous nous rendrons. La plupart du temps, ce sont des gens du coin qui nous accueilleront pendant la visite des sites ; ce sont eux-mêmes qui ont veillé jour et nuit pour défendre l'intégrité de ces lieux et ils sont impatients maintenant d'y accueillir des hôtes vraiment désirables.


Pierre Simon : Comment la population locale perçoit-elle l'initiative de Terre Entière et donc l'arrivée à terme de touristes ?

Hubert Debbasch : J'ai parlé plus tôt de la virginité des lieux. Quand un pays a l'habitude de recevoir des touristes et même si pendant un temps le flux touristique s'est interrompu pour telle ou telle raison, le touriste est souvent vu comme une proie. Il n'en est vraiment rien en Irak. Bien entendu, les autorités officielles et la population ne sont pas dupes de l'intérêt que peut représenter le développement du tourisme dans le pays. Mais ce qui prévaut, c'est l'étonnement et la gratitude. Etonnement de voir enfin des personnes qui viennent rendre visite à cette terre dans des dispositions autres que celles de l'agresser ou de l'envahir. Gratitude face à cette initiative qui met en valeur des lieux et ceux qui les habitent. Toutes celles et ceux qui, en dépit de toutes les épreuves, ont choisi d'y rester, apprécient notre démarche. Une autre dimension de l'hospitalité réside dans l'appartenance religieuse de la très grande majorité des habitants. Ce sont des musulmans de confession chiite et leur première manière de manifester leur foi réside dans l'accueil. Je veux sur ce point remercier la commission pour l'investissement de la province de Dhi-Qar. Son aide et son encouragement ont été vraiment décisifs. Et je veux saluer Haider Ajeel, responsable des bureaux de Babel Tours à Nasiriyah. Son intelligence, son sens pratique et son dévouement me permettent de savoir qu'avec lui et son équipe, tous les voyageurs à venir sont dans de bonnes mains.


Pierre Simon : Revenons-en justement à la fondation de cette nouvelle société dans le sud de l'Irak. Quelles différences avez-vous pu constater entre la création d'une société dans le Kurdistan irakien et celle d'une société dans le sud de l'Irak ?

Hubert Debbasch : Il ne s'agit pas d'une nouvelle société mais le travail a vraiment été celui d'une nouvelle fondation. Babel Tours a en effet été créée au Kurdistan irakien, selon le droit propre à cette province. De ce fait, elle ne pouvait pas bénéficier d'une reconnaissance légale dans tout le pays. Il a ainsi fallu entreprendre une nouvelle procédure afin que les autorités centrales à Bagdad reconnaissent Babel Tours. Celle-ci vient d'aboutir. Désormais notre filiale agit comme opérateur touristique aussi bien au sud qu'au nord, dans tout le territoire irakien. Pour le sud, avant cette reconnaissance officielle, nous avions évidemment pris soin de former du personnel, comme je l'évoquais à l'instant, et de découvrir progressivement le terrain. Les locaux de Babel Tours à Nasiriyah sont déjà connus de tous, ils sont désormais de manière pratique et en toute légalité l'endroit où se prépare minutieusement chacun des voyages à venir.


Pierre Simon : Quels sont les obstacles que vous avez rencontrés dans le processus de création de Babel Tours pour le reste de l'Irak ?

Hubert Debbasch : Le premier obstacle et je dirai la plus grande déception viennent de mon propre pays. On nous parle depuis quelques temps de la volonté du gouvernement français d'encourager les entreprises françaises à investir en Irak. Mais si vous n'investissez ni dans le pétrole, ni dans le béton, et si vous n'êtes pas une société du CAC 40, le moins qu'on puisse dire est qu'il vaut mieux savoir se débrouiller tout seul. Quand je dis cela, je suis injuste. Je n'oublierai jamais l'aide de tel ou tel diplomate français pour me permettre d'obtenir un visa dans les temps. Je n'oublierai jamais l'écoute étonnée et bienveillante des ambassadeurs successifs. Surtout je n'oublierai jamais l'aide qui m'a été apportée par des Irakiens eux-mêmes. En effet, il est quasiment impossible de dépasser les obstacles de procédure et de corruption sans avoir un réseau d'amis et de soutiens. Pour nous, tous ces liens se sont tissés dans une grande simplicité et j'ose dire dans une grande fraternité.


Pierre Simon : On entend fréquemment parler dans les médias d'attentats perpétrés en Irak. Qu'en est-il de la situation sécuritaire ?

Hubert Debbasch : Vous me demandez un bulletin général sur la situation en Irak ou vous m'interrogez sur la sécurité des lieux proposés dans nos voyages ?


Pierre Simon : Je veux parler du sud du pays et bien sûr des lieux qui sont au programme de nos voyages.

Hubert Debbasch : Terre Entière ne faillit pas à sa réputation avec cette nouvelle initiative. Il faut savoir que les zones dans lesquelles nous nous rendrons, du fait de l'unité ethnique et religieuse des populations, sont apaisées depuis déjà un certain temps. Tous les lieux proposés dans nos programmes sont sûrs. Nous appliquerons évidemment une vigilance particulière non seulement sur chacun des groupes mais aussi sur l'évolution de la situation dans son ensemble comme nous le faisons déjà dans les destinations dites "sensibles" que nous proposons.


Pierre Simon : Allez-vous recourir à des mesures particulières pour assurer la sécurité de vos voyageurs ?

Hubert Debbasch : Nous nous appuyons sur notre proximité avec les gens du pays, sur la puissance publique qui fait très bien son travail et qui a compris l'enjeu du développement touristique. En revanche, comme c'était déjà le cas pour les voyages dans le Kurdistan, nous ne recourrons en aucun cas aux services de sociétés privées de sécurité.


Pierre Simon : Mais vous savez que les zones dans lesquels iront les voyageurs sont formellement déconseillées par le ministère français des Affaires Etrangères ?

Hubert Debbasch : Pour apprécier la situation d'une région en particulier, il faut s'y rendre. Si on n'en a pas le courage ni le temps, il faut alors envoyer des personnes qualifiées pour en apprécier le caractère dangereux ou non. Tout l'Irak est en rouge vif, à l'exception du Kurdistan. Les diplomates qui représentent la France en Irak se trouvent à Bagdad, qui reste pour le moment dangereuse. Ils ignorent tout ou presque de ce de ce qui se passe dans le sud du pays. Je les ai invités à s'y rendre par l'intermédiaire de nos services. Ils pourront alors apprécier le calme et l'hospitalité de ces lieux et y prendre un peu de repos. Par la même occasion, la carte de l'Irak sera plus verte, témoin d'une réelle espérance de la France pour ce pays.


Pierre Simon : Vous parlez de Bagdad comme étant une zone dangereuse. Mais Babylone, au programme de votre circuit, se trouve non loin de la capitale irakienne ?

Hubert Debbasch : Erbil, l'endroit le plus paisible d'Irak se trouve à moins d'une heure de Mossoul, qui est hélas la ville la plus dangereuse du pays. Notre circuit évite les grandes villes ; c'est une des raisons pour lesquelles nous logerons à Nasiriyah. Nous n'allons pas non plus à Bassorah qui pourtant est toute proche. Notre itinéraire privilégie délibérément les sites archéologiques et les zones touristiques comme les Marais. Les grandes villes irakiennes ne sont pas dépourvues d'intérêt, bien au contraire, mais il est prématuré pour nous d'y conduire des voyageurs. Babylone ne présente pas de problème de sécurité dès lors qu'on ne s'y rend pas en venant de Bagdad.


Pierre Simon : Disposez-vous d'une assurance spéciale pour les voyageurs qui se rendront en Irak ?

Hubert Debbasch : Nos voyageurs sont couverts de la même manière que pour tout autre circuit.


Pierre Simon : Quelles sont alors les toutes prochaines étapes pour Terre Entière en Irak ? Avez-vous déjà arrêté des dates de voyages ?

Hubert Debbasch : Notre circuit "Mésopotamie : naissance de l'histoire" est un programme de 9 jours / 8 nuits dont 6 nuits en Irak. Il est équilibré et permet une découverte à la fois profonde et paisible d'une des parties les plus passionnantes du pays. Dès la rentrée, ce voyage sera proposé à la clientèle de Terre Entière avec un certain nombre de départs à partir du mois de septembre. Mais avant cela, nous proposons de manière exceptionnelle à celles et ceux qui le désirent ce même itinéraire grâce à notre voyage événement Mésopotamie, naissance de l'histoire qui aura lieu du 6 au 14 juin. Il s'agit là d'une initiative de Terre Entière en partenariat avec le magazine Témoignage Chrétien. Je l'accompagnerai avec Luc Chatel, rédacteur en chef du journal, Catherine Sudre, une archéologue qui a mené des fouilles en Irak pendant plusieurs années, Hameed Nasser, auteur du superbe livre Revoir Bagdad et bien sûr avec l'équipe locale de Babel Tours. Pour nos amis de la région, c'est un événement très attendu. Après des années de désert et de nuit, cette visite est considérée comme une source de joie et de renaissance.